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AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999 / 25
DÉPÊCHES
a FOOTBALL : Toulouse s’est im-
posé nettement (3-0) sur le terrain
de Châteauroux, jeudi 14 octobre, en
match avancé de la 14
e
journée du
championnat de France de football
grâce à des buts de Fabrice Jau, Vla-
dimir Petrovic et Marc Libbra.
a Un supporteur du Paris-SG,
poursuivi pour avoir participé aux
violences en marge du match de son
équipe et l’Olympique de Marseille
mardi 12 octobre, a été placé sous
contrôle judiciaire et a été interdit
d’accès « à toute manifestation ayant
trait au football » par le tribunal cor-
rectionnel de Nanterre (Hauts-de-
Seine), jeudi 14 octobre.
a GYMNASTIQUE : le Russe Niko-
laï Krukov a gagné, jeudi 14 octobre,
le concours général individuel des
championnats du monde à Tianjin
(Chine), devant le Japonais Naoya
Tsukahara et le Bulgare Jordan Jovt-
chev. Le premier Français, Florent
Maree, s’est classé quatorzième. Le
concours féminin a été emporté par
la Roumaine Maria Olaru, devant
l’Ukrainienne Victoria Karpenko et la
Russe Elena Zamolodchikova.
a OLYMPISME : Juan Antonio Sa-
maranch, le président du Comité
international olympique, sera en-
tendu le 15 décembre à Washington
par la chambre des représentants sur
l’attribution des Jeux d’été de 1996 à
Atlanta. Il devra également apporter
son témoignage sur la désignation
très controversée de Salt Lake City
pour l’organisations des Jeux d’hiver
de 2002.
Paul Vatine reprend la Route du café
Vingt bateaux – douze monocoques et huit multicoques – s’élancent
samedi 16 et dimanche 17 octobre du Havre vers Cartagena (Colombie)
pour la quatrième édition de la transat en double
LE HAVRE (Seine-Maritime)
de notre envoyée spéciale
Cette transat-là est sa course
fétiche. Pas comme la Route du
rhum, qui s’est « refusée à (lui) »
en novembre
1998 à cause
d’un choix
tactique inop-
portun après
qu’il eut mené
six jours du-
rant. Sur l’an-
cienne Route
du café, qui relie le port du Havre
aux côtes colombiennes, Paul Va-
tine, quarante-deux ans, s’est déjà
imposé deux fois. Seul, d’abord,
en 1993, pour l’épreuve inaugu-
rale, puis avec Roland Jourdain,
en 1995.
Il y a deux ans, sur son trimaran
Chauss’Europ avec son équipier
Jean-Luc Nélias, il a été devancé
d’une bonne journée par le Pri-
magaz des frères Bourgnon. Mais
cette défaite n’a rien changé. Le
Havre continue d’inspirer Paul
Vatine. Il y est né et il y a décou-
vert la voile à l’âge «mûr» de
vingt-deux ans. La plaisance est
alors bien étrangère aux préoc-
cupations de sa famille. Le père,
artisan-menuisier, n’a de cesse de
faire de ses fils « autre chose que
des manuels ». C’est par les activi-
tés de la MJC que son frère aîné,
Philippe, entraîne Paul sur un dé-
riveur. Le cadet n’est pas le plus
doué, mais un besoin d’ac-
complissement et de reconnais-
sance irrépressible l’habite. «Si
j’étais né au pied de l’Himalaya,
j’aurais escaladé des montagnes,
affirme Vatine. Ou je serais devenu
coureur de marathon si j’étais afri-
cain. J’existe par rapport aux autres
grâce à la compétition. »
Sans plus attendre, il quitte
Le Havre et abandonne ses études
supérieures de commerce. Pour
apprendre la mer, il monte dans
un train en direction de la Bre-
tagne. Il vit comme au temps du
compagnonnage, se présente
dans les chantiers pour travailler
« contre deux repas chauds et une
couverture ». « On m’appelait
l’équipier volant, dit-il, j’étais tâ-
cheron, sans plan de carrière ».
Son père n’y comprend rien.
Pas plus que, quelques années
plus tôt, quand Paul s’est porté
volontaire pour faire son service
militaire dans un régiment de pa-
rachutistes. Son fils le tient en
grande partie pour responsable.
« Pour les paras, dit Vatine, j’avais
besoin de me réveiller de la torpeur
intellectuelle dans laquelle j’étais
tombé, mais j’ai toujours gardé un
certain recul. Pour la voile, j’ai un
peu imité mon père qui était un
provocateur, toujours à contresens
des autres, et dont la devise était
“travaille le dimanche et chôme le
lundi” ».
S’il a finalement posé son sac à
Saint-Quay-Portrieux (Côtes-
d’Armor), Vatine a vécu son « ini-
tiation » bretonne comme un exil.
« A Lorient, on est dans les terres, à
Brest, au fond d’un goulet. Non,
vraiment, à part Fécamp et Dieppe,
Le Havre n’a pas sa pareille. » Il a
gardé dans sa bonne ville natale
un pied-à-terre et la vante comme
« la plus belle façade maritime de
France ».
UN HOMME DE PASSIONS
C’est que Le Havre et la région
Haute-Normandie lui ont offert
sa premier barre de capitaine à la
fin des années 80. « J’avais trente
ans, dit-il, j’avais fait des tas de
courses, participé à trois tentatives
de records de l’Atlantique, la réali-
té c’était de devenir skipper. » Va-
tine est un homme de passions.
Aux commandes de son trimaran
flambant neuf, il dit s’être senti
« le porte-parole d’un million et
demi de contribuables ».
L’histoire d’amour avec le par-
tenaire local s’est mal terminée,
mais la teneur des contrats per-
met au navigateur de conserver la
jouissance du voilier. Depuis, il
s’enflamme un peu moins, se bat
pour maintenir son navire et ses
finances à flot. A l’exception
d’Yvan Bourgnon dans la même
situation cette année, il a long-
temps été le seul skipper-arma-
teur dans la flotte des multi-
coques français de 60 pieds. Pour
cette transat 1999 il a bénéficié du
concours du groupe André.
Entre les grandes épreuves il
s’efforce de trouver des défis,
comme celui qu’il a lancé aux six
meilleurs funboardeurs du mo-
ment, entre Cargèse (Corse-du-
Sud) et le Lavandou, dans le cadre
d’un accord avec le Club Méditer-
ranée. « Je rentre à nouveau dans
une période de séduction, dit le na-
vigateur résigné, alors que j’aurais
souhaité, par une victoire dans la
Route du rhum, connaître un abou-
tissement. »
A qui le soupçonne d’en rajou-
ter dans la communication misé-
rabiliste, il répond : « Je ne suis
que ce que je suis. Je sais raconter
les vagues de l’Atlantique, mais, en
mer, il y a aussi l’histoire que vit
l’homme, et si je n’ai pas le mono-
pole de la difficulté et de la souf-
france, j’ose dire qu’une transat
n’est pas seulement le plaisir pur de
la glisse les cheveux au vent et les
lunettes de soleil sur le nez. »
Ses courses océaniques à lui
sont encore de vraies aventures
de pionnier. Il se souvient de sa
récente « découverte de l’Amé-
rique » : une arrivée par la mer à
New York en 1994 en pleine nuit
« sur le quai 17 ». Il jure connaître
encore des émois et des bonheurs
de débutant. « Quand je vais re-
voir La Barbade (marque de par-
cours obligatoire pour les multi-
coques) puis les côtes de Colombie,
je vibrerai comme la première fois.
Je ne me réalise pas seulement dans
la douleur au nom de mes ori-
gines. »
Ses messages à la fin de la der-
nière Route du rhum étaient
pourtant parfois inquiétants,
presque morbides. Mais seule-
ment pour les autres. « Je suis un
littéraire et la mer donne envie de
s’épancher, surtout quand on est
dans une phase psychologique diffi-
cile. J’avais terminé 2
e
de l’édition
précédente, j’étais sûr que cette
fois, c’était mon tour. »
Mireille, son épouse d’origine
corse et sa plus fidèle alliée dans
leur entreprise maritime, lui ré-
pète que la récompense aux méri-
tants n’existe pas. « Elle a raison,
dit-il. La seule chose qui compte,
c’est d’avoir réalisé en amont une
préparation parfaite, alors on est
en confiance et on peut gagner. »
Pour que son nouveau parte-
naire le suive jusqu’à Plymouth,
d’où s’élancera vers Newport la
Transat Anglaise en solitaire le
4 juin 2000, Vatine devra
convaincre dans cette course.
Jean Maurel – dont il s’est adjoint
les compétences pour l’occasion
et qui a remporté l’édition 1995 en
monocoques – croit en leurs
chances. « C’est suffisamment dur
d’être équipier quand on a été
longtemps skipper, dit-il. Je ne vou-
lais m’embarquer que sur un ba-
teau capable de gagner. »
Patricia Jolly
Les Açores
I. Canaries
Cap Vert
Deux parcours pour traverser l'Atlantique
Cartagena
COLOMBIE
Le Havre
La Barbade
Saint-Barthélemy
ITINÉRAIRE
DES MONOCOQUES
ET MULTICOQUES
CLASSE 2
(Départ 16 octobre
à 15 h)
TRANSAT LE HAVRE-
CARTAGENA
ITINÉRAIRE
DES MULTICOQUES
CLASSE 1
(Départ 17 octobre
à 15 h)
OCÉAN
ATLANTIQUE
Golfe du
Mexique
60°O45°O
Tropique du Cancer
30°O15°O0°75°O90°O105°O
45°N
30°N
15°N
4 420 m
illes
5 520 m
illes
Arrivée à Cartagena
début novembre
Les concurrents
b Monocoques de Classe I
(supérieurs à 50 pieds) :
Aquitaine-Innovations (Yves
Parlier/Ellen Mac Arthur) ; Défis
14 PME (Hervé Laurent/Loïc
Etevenard) ; Fila (Guido
Broggi/Bruno Laurent) ; Gartmore
Investment (Josh Hall/Alex
Thomson) ; GEB (Xavier
Lecœur/Christian Gasperin) ; Sill
Entreprises (Roland Jourdain/Jean
Le Cam) ; Sodebo-Savourons-la-Vie
(Thomas Coville/Hervé Jan) ;
Somewhere-Baume&Mercier (Marc
Thiercelin/Bernard Mallaret) ; Team
Group 4 (Mike Golding/Edouard
Danby) ; Whirlpool-Europe 2
(Catherine Chabaud/Luc Bartissol).
b Monocoques de Classe II (de 45
à50pieds): Pindar (Emma
Richards/Miranda Merron) ; Spirit of
Race (Michaël et Franco Fineschi).
b Multicoques Classe I
(supérieurs à 50 pieds) : Banque
populaire (Jean-Louis
Roucayrol/Jacques Caraes) ;
Biscuits-La Trinitaine (Marc
Guillemot/Jean-Luc Nélias) ;
Brocéliande (Alain Gautier/Michel
Desjoyeaux) ; Foncia (Yvan
Bourgnon/Laurent Bourgnon) ;
Fujicolor II (Loïck Peyron/Franck
Proffit) ; Groupama (Franck
Cammas/Steve Ravussin) ; Groupe
André (Paul Vatine/Jean Maurel).
b Multicoque de Classe II (de 45 à
50 pieds) : CLM (Hervé
Cléris/Ronan Delacou).
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