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LeMonde Job: WMQ1610--0018-0 WAS LMQ1610-18 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:15,14, Base : LMQPAG 28Fap: 100 N
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18
ENTREPRISES
LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999
Un pôle industriel de défense
en position de force
« VÉRITABLE ENSEMBLE bina-
tional européen dans un secteur aus-
si emblématique et stratégique que
l’industrie de défense, le groupe
EADS est une grande première. »
C’est en ces termes que le ministre
français de la défense, Alain Ri-
chard, salue la fusion entre Aero-
spatiale-Matra et DASA, qui fait de
la nouvelle société franco-alle-
mande un chef de file mondial apte
à tenir tête aux entreprises améri-
caines et britanniques aussi bien
dans les hélicoptères, les avions mi-
litaires, les satellites que dans les
technologies de défense en règle
générale si l’on excepte l’industrie
russe, en état de délitement avancé.
En matière de programmes d’ar-
mement et de leurs dérivés, EADS
est au cœur d’une politique de res-
tructuration européenne qui, pour
s’en tenir à deux exemples, verra la
création prochaine d’un groupe
(Astrium), voué à reprendre les ac-
tivités de Matra Marconi Space
(MMS), et de Dornier dans l’espace
et auquel l’italien Alenia Spazio se-
ra associé, et la mise en chantier
d’une société européenne de mis-
siles, à partir d’une alliance entre
Aerospatiale-Matra, British Aero-
space et l’italien Finmeccanica.
M. Richard voit dans la création
d’EADS « une clarification du pay-
sage industriel » en Europe, jusqu’à
présent morcelé en autant d’entités
concurrentes de part et d’autre du
Rhin, même si l’exécution de pro-
grammes d’armement conjoints
fréquemment remis en cause par
des budgets de la défense soumis à
rude épreuve – les rapprochait au
cas par cas. La coopération entre
Français et Allemands est, en effet,
parsemée de ces projets morts nés
ou abandonnés en cours de route
faute de crédits.
INCONTOURNABLE EN EUROPE
Demain, EADS continuera d’être
en position de force dans le secteur
des hélicoptères, grâce à Eurocop-
ter, face à des rivaux américains qui
sont loin derrière. Le Tigre et le
NH-90, malgré les réserves néerlan-
daises, en sortiront confortés. Mais
EADS devrait l’être aussi en ma-
tière d’aviation militaire, en déte-
nant 40 % des actifs de l’Eurofigh-
ter, l’avion de combat dont seront
dotés le Royaume-Uni, l’Alle-
magne, l’Italie et l’Espagne, et en
contrôlant – même indirectement –
à hauteur de 47 % Dassault-Avia-
tion, qui produit le Mirage 2000 et
le Rafale. De même, EADS, qui dis-
posera de facto de 80 % du consor-
tium Airbus avec l’apport de l’espa-
gnol CASA, va apparaître comme
l’interlocuteur légitime – à travers
sa filiale Airbus military company
(AMC) – des gouvernements euro-
péens en quête d’un nouvel appa-
reil de transport de troupes pour
remplacer les Transall et Hercules,
malgré le penchant des Allemands
pour un avion russo-ukrainien.
Autre position dominante
d’EADS : les missiles. Mais il s’agit
là d’une alliance encore plus vaste
qui se dessine, à moyen terme, en
Europe. En effet, quand British Ae-
rospace (BAe) et Finmeccanica au-
ront trouvé un terrain d’entente,
l’intégration des activités « mis-
siles » d’Alenia Marconi systems
(AMS) à Matra BAe Dynamics en
serait facilitée. Du même coup,
l’entreprise franco-allemande de-
viendrait incontournable en Eu-
rope. Au point qu’on voit mal, par
exemple, le gouvernement britan-
nique prêt à conclure au détri-
ment du programme européen Me-
teor – avec l’américain Raytheon,
qui le lui propose, un contrat qui
porte sur des missiles air-air à
longue portée pour en équiper ses
Eurofighter.
UN GROUPE « MIEUX ARMÉ »
Dans le domaine des satellites
militaires, enfin, EADS est loin
d’être démuni. L’opération « Force
alliée » dans les Balkans a montré
l’urgence qu’il y a à pouvoir mobili-
ser des moyens de renseignement
autonomes en Europe. Depuis, le
gouvernement allemand, long-
temps réfractaire pour des raisons
financières autant que stratégiques,
a nuancé sa position et il n’ignore
pas qu’il a, avec EADS, l’outil in-
dustriel qui doit permettre à l’ex-
DASA de réclamer d’être chef de
file d’un projet de satellite-radar au
principe duquel, pour leur part, les
Français se disent attachés.
Selon M. Richard, le nouveau
groupe est désormais mieux armé
pour des rapprochements avec
BAe, voire des partenariats transa-
tlantiques « dès lors que sera écartée
toute velléité, des uns ou des autres,
d’absorption et, donc, de remise en
cause de l’autonomie stratégique des
différentes composantes euro-
péennes ». Le ministre de la défense
assure que la France s’est employée
à disposer de « l’équivalent d’une
golden share », sous la forme
d’« un droit d’opposition » dans le
fonctionnement de la société hol-
ding « sur de grandes options straté-
giques limitativement énumérées ».
Jacques Isnard
Vers une rapide réforme d’Airbus
NOËL FORGEARD, le patron d’Airbus, est
l’un des principaux bénéficiaires du rapproche-
ment franco-allemand. Las de jouer les VRP de
l’aéronautique civile, il trépignait, depuis sa no-
mination à la tête du consortium européen, en
avril 1998, de ne pouvoir remplir la mission qui
lui avait été promise : transformer le groupe-
ment d’intérêt économique en véritable société
intégrée, maîtresse de ses investissements, de
son organisation industrielle et responsable de
ses performances économiques. En dépit de ré-
sultats commerciaux remarquables – à fin sep-
tembre, Airbus totalisait une part de marché de
70 % face à Boeing –, le consortium se révèle in-
capable d’améliorer ses performances finan-
cières, faute de pouvoir maîtriser l’ensemble du
processus industriel, réparti entre ses quatre
partenaires, le français Aerospatiale, l’allemand
DaimlerChrysler Aerospace (DASA), le britan-
nique British Aerospace (BAe) et l’espagnol
CASA.
La fusion d’Aerospatiale Matra et de DASA
devrait déboucher rapidement sur la création
de la société Airbus, puisque le nouveau groupe
EADS détiendra 75,8 % des droits économiques.
Les discussions en cours avec CASA pourraient
même porter cette participation à 80 %. La
transformation d’Airbus avait longtemps buté
sur des problèmes de valorisation des actifs in-
dustriels des quatre partenaires. La partie fran-
çaise réclamait une meilleure prise en compte
de ses bureaux d’études et de son rôle d’archi-
tecte industriel. Les différends franco-alle-
mands étant de facto aplanis, il devrait être fa-
cile de s’entendre avec BAe. Le britannique est
impatient : ses actionnaires n’apprécient guère
le flou comptable qui entoure l’activité Airbus.
LE POUVOIR POLITIQUE TENU À L’ÉCART
Manfred Bischoff, président du directoire de
DASA, a précisé qu’« Airbus resterait une filiale
d’EADS, avec une participation minoritaire de
BAe ». Ambitieux, il a évoqué la nécessité d’of-
frir une gamme d’appareils « allant de 100 à 750
places », remettant sur la piste de décollage le
projet d’A3XX, qui nécessitera un engagement
financier de 10 milliards de dollars pour les ac-
tionnaires d’Airbus. Le choix du site d’assem-
blage du futur avion, que se disputent les villes
de Toulouse et Hambourg, pourra s’affranchir
des considérations politiques. M. Bischoff s’est
réjoui que le droit de veto du gouvernement
français se limite à trois hypothèses et «ex-
clu[e] la marche de l’entreprise et notamment le
choix des implantations de sites industriels ». Le
pouvoir politique sera ainsi tenu à l’écart d’une
restructuration industrielle d’Airbus, priorité du
futur groupe.
Philippe Camus, directeur général du direc-
toire d’Aerospatiale Matra, s’est voulu opti-
miste : en raison de la « forte augmentation des
carnets de commandes, a-t-il estimé, il n’y aurait
pas à craindre pour l’emploi mais au contraire il y
aurait probablement des embauches ».
C. J.
BERLIN
de notre correspondant
Enfin du concret ! La fusion de
DASA et Aerospatiale Matra permet
à la classe politique des deux pays
de prouver que le couple franco-al-
lemand fonctionne de nouveau.
Bien sûr, chacun sait que l’accord a
été largement obtenu grâce au
talent de persuasion de Jean-Luc La-
gardère, un partenaire crédible face
au président de DaimlerChrylser,
Jürgen Schrempp. Le gouvernement
allemand a joué dans l’affaire un
rôle secondaire, l’Etat n’étant pas
actionnaire de DASA. Mais, en se
déplaçant à Strasbourg, le premier
ministre Lionel Jospin et le chance-
lier Gerhard Schröder ont voulu
faire de la fusion aéronautique le
symbole de la relance franco-alle-
mande, alors que les relations entre
les deux pays ont été des plus diffi-
ciles depuis le départ de Helmut
Kohl et l’avènement de l’euro. Plu-
sieurs rencontres avec M. Lagardère
ne sont pas étrangères à la nouvelle
francophilie industrielle du chance-
lier.
Le tournant a été pris début sep-
tembre, lorsque M. Schröder a pro-
noncé à Berlin deux discours rappe-
lant le rôle moteur du couple
franco-allemand dans la construc-
tion européenne. Ces déclarations
ont constitué une petite révolution
pour le chancelier qui avait rêvé lors
de son arrivée au pouvoir de rem-
placer le couple franco-allemand
par un triangle franco-germano-bri-
tannique, afin de s’affranchir de la
tutelle jugée pesante de la France.
M. Schröder ne faisait que tirer les
conséquences des échecs de la poli-
tique menée depuis son arrivé au
pouvoir. En cherchant à imposer ses
intérêts contre ceux de ses parte-
naires, en particulier de la France, au
lieu de rechercher le compromis, il
avait enregistré des revers, sur le
dossier du retraitement des déchets
nucléaires ou lors de la réforme du
budget de l’Union européenne au
sommet de Berlin en mars. Pour
avoir cherché à passer en force, l’Al-
lemagne n’a pas obtenu la baisse de
sa contribution au budget européen
qu’elle était en droit d’espérer.
DES POLITIQUES PAS SI ÉLOIGNÉES
Avec la guerre au Kosovo, les Al-
lemands ont pris conscience que les
Européens étaient en matière de dé-
fense largement dépendants des
Américains. La nouvelle équipe diri-
geante est beaucoup plus libre que
Helmut Kohl dans ses rapports avec
l’Oncle Sam. Et comme les Français,
les Allemands sont convaincus que
l’émergence d’une identité de dé-
fense européenne passe aussi par la
création d’une industrie européenne
de la défense. Un mariage de DASA
avec des Américains aurait sonné le
glas de cette ambition. « Sans l’euro-
péanisation de l’industrie aéronau-
tique et militaire, la politique euro-
péenne de défense n’est qu’un bout
de papier », commente un haut di-
plomate allemand. « Comme Daim-
lerChrysler est germano-américain,
les Allemands ont l’impression de ne
pas créer une forteresse européenne
contre les Américains en mariant DA-
SA et Aerospatiale » souligne, per-
fide, un diplomate français.
Le rapprochement avec la France
est aussi passé par une meilleure
compréhension des socialistes fran-
çais. A ses débuts, M. Schröder n’a
pas caché la faible estime dans la-
quelle il tenait la politique écono-
mique de M. Jospin, en particulier sa
loi sur les 35 heures. Outre-Rhin, on
associait, pendant la campagne élec-
torale de 1998, les traditionalistes
Jospin et Lafontaine, alors président
du Parti social-démocrate, et les mo-
dernistes Schröder et Blair, premier
ministre britannique. Au fil des
mois, M. Schröder a dû constater
que M. Jospin n’était pas l’étatiste
ringard qu’il croyait, qu’il poursui-
vait les privatisations et que la ré-
duction du temps de travail permet-
tait aussi d’améliorer la flexibilité du
marché du travail. En septembre, le
chancelier a ainsi déclaré qu’en Eu-
rope il fallait faire une distinction
entre les discours et les politiques
réellement pratiquées, qui ne sont
pas si éloignées. Il a bien fallu re-
connaître que la France avait une
croissance supérieure à celle de l’Al-
lemagne et créait plus d’emplois.
Conscient des dégâts causés en
France par la publication du mani-
feste Blair-Schröder sur la moderni-
sation de la social-démocratie à la
veille des élections européennes,
M. Schröder a tendu la main à
M. Jospin, lors d’un colloque organi-
sé fin septembre par Arte et la chan-
cellerie à Genshagen, au sud de Ber-
lin. M. Jospin est resté plutôt froid,
ne changeant pas un mot du dis-
cours rédigé à l’avance. Mais au
cours du déjeuner en tête à tête qui
a suivi, le courant semble être mieux
passé entre les deux hommes. A
Matignon où l’on se montre très sa-
tisfait depuis jeudi, on considère
que cet accord constitue les « tra-
vaux pratiques » du rôle de l’Etat dé-
fendu par M. Jospin.
L’accord dans l’aéronautique per-
met de détendre singulièrement les
relations entre les deux pays, qui, de
l’avis de nombreux diplomates,
avaient atteint un stade inquiétant.
Même si le dossier du rapatriement
des déchets nucléaires allemands
entreposés à La Hague reste brû-
lant, la machine européenne s’est
remise en marche. La France a évité
de s’opposer à l’Allemagne lorsque
celle-ci a voulu généraliser l’usage
de l’allemand dans les instances eu-
ropéennes. Gerhard Schröder et
Jacques Chirac ont envoyé, mercredi
13 octobre, une lettre commune à la
présidence finlandaise pour renfor-
cer les pouvoirs de Javier Solana,
responsable de la politique euro-
péenne de sécurité commune, à la
veille de son entrée en fonctions.
« La lettre a été rédigée avec une cé-
lérité incroyable », se réjouit un di-
plomate allemand.
Ce réchauffement soulage les res-
ponsables des deux pays. « Si entre
Allemands et Français, on ne s’entend
plus, on ne se comprend plus, on ne
fait vraiment plus rien en Europe. Car
si tout le monde est capable de blo-
quer, il n’y a que les Français et les Al-
lemands qui sachent faire avancer la
machine », commente un haut fonc-
tionnaire français.
Arnaud Leparmentier
ANALYSE
M. Schröder a dû
constater que
M. Jospin n’était pas
l’étatiste qu’il croyait
STRASBOURG
de nos envoyés spéciaux
Le français Aerospatiale Matra
et l’allemand DaimlerChrysler Ae-
rospace (DASA) ont décidé, jeudi
14 octobre, de sceller définitive-
ment leur destin en annonçant leur
fusion et la création d’une société
commune, European Aeronautic,
Defense and Space Company
(EADS). Après plusieurs années
d’union libre au sein de pro-
grammes de coopération euro-
péenne (Airbus, Arianespace, Eu-
rocopter), et plusieurs scènes de
ménage, dont la dernière avait vu
DASA flirter avec British Aero-
space, les deux entreprises, qui
réalisent déjà 65 % de leur chiffre
d’affaires en commun, ont cédé à
la mode des fusions. Elles ont par
la même occasion damé le pion à
leur concurrent British Aerospace
(BAe) qui, en préférant son
compatriote GEC Marconi à l’offre
de DaimlerChrysler, apparaissait
comme l’« homme fort » de l’Eu-
rope de la défense. Avec plus de
21 milliards d’euros de chiffre d’af-
faires attendus en 1999, EADS ravit
le troisième rang mondial à BAe.
Au sein de l’industrie aéronau-
tique européenne, EADS s’assure
une position dominante, avec
75,8 % du consortium Airbus,
23,9 % de la fusée Ariane, 45,9 % de
Dassault Aviation, 30 % de l’Euro-
fighter (avions de combat), 75 %
d’Astrium dans les satellites et de
la future société commune dans
les missiles.
L’espagnol CASA, qui pensait
s’être fiancé à l’allemand au mois
de juin, est invité à reprendre les
négociations avec le nouveau
groupe. Ses parts dans Airbus
(4,2 %) et dans l’Eurofighter (13 %)
sont les bienvenues, d’autant
qu’elles permettraient à l’EADS de
faire un ultime pied de nez à BAe,
qui serait relégué au second rang
dans son propre programme
d’avion de combat.
GRÂCE AUX « BONS AMIS »
C’est d’abord à l’action des
« bons amis » Jean-Luc Lagardère,
président d’Aerospatiale Matra, et
Jurgen Schrempp, celui du groupe
automobile DaimlerChrysler, ac-
tionnaire de DASA, que l’on doit
cette fusion rapide. Mais aussi au
pragmatisme du gouvernement
français qui, après avoir privatisé
Aerospatiale, a accepté de négo-
cier avec la partie allemande la di-
lution de sa participation dans le
nouvel ensemble.
La fusion de leurs deux cham-
pions nationaux a été saluée par le
premier ministre français et le
chancelier allemand, venus à Stras-
bourg parrainer la signature de
l’alliance. Gerhard Schröder a mis
en avant « la valeur mondiale de
cette coopération industrielle en
tant que symbole de la volonté des
européens ». De son côté, Lionel
Jospin a souligné que les « deux
gouvernements ont fait preuve d’une
volonté politique constante, encou-
rageant à chaque instant les initia-
tives de nos industriels. Le succès
d’aujourd’hui illustre le rôle irrem-
plaçable de la coopération franco-
allemande comme moteur de la
construction européenne ». Le mi-
nistre français de l’économie, Do-
minique Strauss-Kahn, en a profité
pour souligner que si, ces dernières
années, « l’euro avait été la réalisa-
tion la plus manifeste de la
construction européenne, il y avait
aujourd’hui une preuve de l’Europe
industrielle ».
C’est le 12 juin, en marge du sa-
lon du Bourget et au lendemain de
la création d’Aerospatiale Matra,
que les dirigeants des deux
groupes ont relancé des pourpar-
lers approfondis et discrets, à l’in-
vitation de MM. Schrempp et La-
gardère. Il s’agit alors de
discussions au sommet, entre Ec-
kard Cordes et Rüdiger Grube,
chez DaimlerChrysler, Philippe Ca-
mus et Jean-Louis Gergorin, pour
Lagardère. Bernard Taylor, de la
banque Flemings, conseil des Fran-
çais, et Alex Dibelius de Goldman
Sachs pour les Allemands, se
joignent à eux. Ces premières dis-
cussions dureront deux mois, et
déboucheront sur un schéma in-
dustriel.
TRAVAIL D’ARRACHE-PIED
Début août, la deuxième phase
commence, cette fois avec le gou-
vernement français, pour régler la
délicate question de l’actionnariat,
car les Allemands souhaitent un
désengagement de l’État français
avant de boucler un accord. Domi-
nique Strauss-Kahn et Frédéric La-
venir, son directeur de cabinet ad-
joint, sont informés de l’avancée
des négociations. La pause estivale
permet à Lionel Jospin de mûrir sa
réponse. Fin septembre, Jürgen
Schrempp est à Paris pour ren-
contrer Dominique Strauss-Kahn.
Leur entretien permet de rappro-
cher les points de vue. Depuis sa-
medi 9 octobre, entre 30 et 40 per-
sonnes travaillent d’arrache-pied.
« On a réussi en quatre mois ce que
nous avons fait en huit mois entre
Aeospatiale et Matra », se réjouit
Jean-Louis Gergorin. La localisa-
tion du siège de la holding aux
Pays-Bas, intéressant sur le plan
fiscal, n’aurait causé aucune diffi-
culté.
Le premier ministre suit la phase
ultime des négociations dans la
journée de mercredi et de jeudi,
depuis les préfectures de Bordeaux
et de Toulouse où il séjourne. Ce
n’est que jeudi matin qu’est prise
la décision de ramener la participa-
tion de l’Etat français à environ
15 %, et d’encadrer les modalités
de son action privilégiée, qui lui
donne un droit de veto en matière
d’acquisition, d’alliance straté-
gique, et d’augmentation de capi-
tal. A l’issue d’un discours devant
les maires des petites villes de
France, M. Jospin en informe, peu
après 11 heures, le président de la
République, Jacques Chirac.
Alors que la fusion devait se
faire sur une base paritaire, les va-
lorisations des deux sociétés fai-
saient finalement ressortir un
avantage au profit des Allemands.
Certes, Aerospatiale réalise un
chiffre d’affaires supérieur de près
de 50 % à celui de DASA et a déga-
un résultat opérationnel en
1998. Mais la dégradation de ses
résultats cette année réduit sensi-
blement la valeur de l’entreprise. Il
est alors décidé de sortir les activi-
tés de moteurs (MTU) du péri-
mètre et d’autoriser DaimlerChrys-
ler à prélever 3,4 milliards d’euros
sur sa filiale. Mais l’apport français
reste insuffisant pour contrebalan-
cer les 100 % de DASA mis dans la
corbeille par DaimlerChrysler. Des
investisseurs institutionnels – pro-
bablement la BNP – seront invités
à compléter le tour de table fran-
çais.
EADS devrait être créée dès le
deuxième trimestre de l’an 2000.
40 % du capital seront alors intro-
duits en Bourse, à Paris, Francfort
et Amsterdam. Les postes de direc-
tion seront équitablement répartis
entre les équipes de DASA et d’Ae-
rospatiale Matra. MM. Lagardère
et Bischoff prendront la tête du
conseil de surveillance. Les deux
co-PDG du directoire devraient
être Philippe Camus, directeur gé-
néral d’Aerospatiale Matra, et Rai-
ner Hertrich, directeur du secteur
propulsion de DASA.
Christophe Jakubyszyn
et Philippe Ricard
Français et Allemands créent le troisième groupe mondial de l’aéronautique
Aerospatiale Matra et DaimlerChrysler Aerospace (DASA) ont annoncé, jeudi 14 octobre, à Strasbourg, la fusion totale de leurs activités.
Lionel Jospin et Gerhard Schröder, qui avaient fait le déplacement, ont salué cette relance de la coopération franco-allemande
EUROPE
Le groupe français
Aerospatiale Matra et l’allemand
DASA ont annoncé leur fusion,
jeudi 14 octobre, à Strasbourg, en
présence de Lionel Jospin et de
Gerhard Schröder. b BAPTISÉ EADS
(European Aeronautic Defense and
Space Company), le nouvel
ensemble aéronautique et de
défense sera numéro trois mondial,
derrière les américains Boeing et
Lockeed Martin, devant le britan-
nique British Aerospace.b LE NOU-
VEL ENSEMBLE sera détenu à éga-
lité par DaimlerChrysler (30 %) et
par les différents partenaires fran-
çais. b LÉTAT FRANÇAIS qui
détient 47 % d’Aerospatiale Matra
réduira sa part à 15 % du nouvel
ensemble. b DAIMLERCHRYSLER
poursuit son recentrage sur l’auto-
mobile, un secteur pour lequel il
dispose d’une force de frappe
financière impressionnante. (lire
aussi notre éditorial page 15)
L’axe Paris-Berlin redevient le moteur de la construction européenne
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