Electrolux BCC-9E Manual do Utilizador Página 2

  • Descarregar
  • Adicionar aos meus manuais
  • Imprimir
  • Página
    / 38
  • Índice
  • MARCADORES
  • Avaliado. / 5. Com base em avaliações de clientes
Vista de página 1
LeMonde Job: WMQ1610--0002-0 WAS LMQ1610-2 Op.: XX Rev.: 15-10-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 42Fap: 100 N
o
: 1594 Lcp: 700 CMYK
2
INTERNATIONAL
LE MONDE / SAMEDI 16 OCTOBRE 1999
L’exécution de Mumia Abu-Jamal fixée au 2 décembre
La date de l’exécution de l’ancien militant des Panthères noires,
Mumia Abu-Jamal, a été fixée au 2 décembre. Le gouverneur répu-
blicain de Pennsylvanie, Thomas Ridge, a signé mercredi 13 octobre
l’ordre d’exécution de l’ancien journaliste, condamné à mort en 1983
à Philadelphie pour le meurtre d’un policier.
Agé de 45 ans, Mumia Abu-Jamal a toujours clamé son innocence.
Ses avocats devaient déposer un recours vendredi 15 octobre devant
le tribunal fédéral de Philadelphie. Le 4 octobre, la Cour suprême
avait refusé la révision du procès. Le cas de Mumia Abu-Jamal a
suscité de nombreuses manifestations de soutien à travers le
monde, dont la dernière, regroupant un millier de personnes, a eu
lieu le 25 septembre à Paris. L’an dernier, plus de 200 personnalités
et organisations internationales, dont le Prix Nobel de la paix
Desmond Tutu, avaient réclamé l’ouverture d’un nouveau procès
pour l’auteur du livre En direct du couloir de la mort, écrit en prison.
NEW YORK
de notre correspondante
Ronald Cotton a eu beaucoup de
malchance, puis beaucoup de
chance. Une nuit de juillet 1984,
dans sa petite ville de Burlington,
en Caroline du Nord, deux viols
avec cambriolage étaient commis
au domicile de deux femmes,
inconnues l’une de l’autre. Le
1
er
août, Ronald Cotton était inter-
pellé et, en janvier suivant,
condamné à la prison à perpétuité
pour le premier des deux viols. Son
alibi, confirmé par sa famille,
n’avait pas suffi à convaincre les
jurés face aux indices réunis contre
lui : une lampe de poche retrouvée
dans son appartement identique à
celle volée chez l’une des victimes,
une paire de chaussures trouvée
sous son lit dont les semelles inté-
rieures avaient disparu mais qui, si
elles avaient été là, auraient été
faites de la même mousse que celle
retrouvée par terre chez la pre-
mière victime, et surtout le témoi-
gnage de cette femme qui affirmait
reconnaître en lui son agresseur.
En prison, Ronald Cotton ren-
contra un autre détenu dont la res-
semblance avec le portrait-robot du
violeur de Burlington le frappa. Ce
même prisonnier se vanta d’ailleurs
à des codétenus d’avoir commis les
viols, mais lors d’un nouveau pro-
cès en 1987, le juge refusa d’infor-
mer les jurés de cette possibilité ;
cette fois-ci, les deux victimes
témoignèrent contre Ronald Cot-
ton qui se vit infliger une deuxième
peine de prison à perpétuité pour le
deuxième viol assortie de cin-
quante-quatre ans d’emprisonne-
ment pour les cambriolages.
En 1994, deux avocats se saisirent
de l’affaire Cotton et demandèrent
une réouverture du dossier pour
vice de forme ; ils présentèrent
aussi une demande d’analyse
d’empreintes génétiques, une tech-
nique inconnue à l’époque de
l’arrestation de leur client mais cou-
rante en criminologie dans les
années 90. L’analyse ADN (acide
désoxyribonucléique) du sperme
prélevé sur la deuxième victime à la
demande des enquêteurs, et
conservé en laboratoire, établit
qu’il ne pouvait pas provenir de
Ronald Cotton.
Les résultats furent envoyés au
fichier central d’ADN de l’Etat de
Caroline du Nord, qui regroupe les
profils ADN de tous les criminels
condamnés dans l’Etat : le fichier
révéla que les empreintes géné-
tiques du violeur correspondaient à
celles du détenu soupçonné par
Ronald Cotton. Confondu, le
détenu avoua les deux viols. Le
30 juin 1995, M. Cotton fut libéré de
prison puis officiellement grâcié par
le gouverneur le mois suivant, ce
qui lui permettait de toucher la
somme réglementaire de 5 000 dol-
lars de l’Etat, en guise de répara-
tion. Il venait de passer dix ans et
demi en prison.
L’affaire passa inaperçue. Une
autre affaire, où il était également
question d’ADN, monopolisait à
l’époque toutes les chaînes de télé-
vision : le procès d’O. J. Simpson, le
très célèbre champion de football
(noir) accusé d’avoir assassiné sa
femme (blanche) et un ami de
celle-ci. O. J. Simpson fut acquitté
et l’ADN s’installa dans le paysage
médiatique américain, non seule-
ment dans le cadre d’affaires poli-
cières mais aussi, à l’occasion, de
scandales politiques : l’an dernier,
on a beaucoup reparlé d’ADN à la
télévision, à propos d’une petite
robe bleue sur laquelle le président
Clinton avait eu la maladresse de
laisser des empreintes intimes et
qui l’a contraint à passer aux aveux
sur sa liaison avec Monica
Lewinsky.
ERREURS JUDICIAIRES
Bien plus que l’affaire O.J. Simp-
son, l’affaire Cotton était pourtant
révélatrice d’une évolution de fond
dans le système judiciaire améri-
cain : introduit pour la première
fois dans une procédure judiciaire
en 1986 mais régulièrement utilisé
depuis 1989 et avec de plus en plus
de précision grâce aux progrès
technologiques, l’ADN est en train
de bouleverser le cours de la justice
aux Etats-Unis.
Surtout utilisée dans les affaires
d’homicides et de viols, cette tech-
nique a permis d’identifier un
nombre considérable de suspects
qui, en l’absence de preuves ou de
témoignages, n’auraient pu être
confondus autrement ; le parquet
de Milwaukee, dans le Wisconsin,
vient d’ailleurs d’innover en lançant
la semaine dernière un mandat
d’arrêt contre un individu identifié
par son seul profil ADN, établi
grâce aux analyses d’empreintes
génétiques prélevées sur trois vic-
times de viol : ces analyses ont
montré qu’il s’agissait du même
agresseur.
Les fichiers ADN ouverts par les
Etats et le fichier central créé il y a
un an par le FBI, le Codis (Combi-
ned DNA Index System), pour
l’heure très incomplet puisque tous
les Etats américains n’y contribuent
pas encore, ont déjà permis d’éluci-
der près de 600 crimes non résolus.
Mais le domaine dans lequel le
rôle de l’ADN est le plus specta-
culaire est celui des erreurs judi-
ciaires, comme celle dont a été vic-
time Ronald Cotton. En une
décennie, le recours aux analyses
d’empreintes génétiques après un
verdict de culpabilité et la condam-
nation d’un accusé a permis d’inno-
center soixante-sept personnes en
Amérique du Nord (62 aux Etats-
Unis, 5 au Canada) selon Jane Sie-
gel Green, directrice du programme
« Innocence Project » à la faculté
de droit Benjamin-Cardozo de New
York, qui a participé à la défense de
trente-six de ces condamnés grâ-
ciés. Sur ces soixante-sept détenus
innocentés, qui ont passé en
moyenne sept ans en prison pour
des crimes qu’ils n’avaient pas
commis, huit étaient des condam-
nés à mort en attente de leur exé-
cution.
LES DROITS DES VICTIMES
Ce phénomène a connu une
nette accélération ces toutes der-
nières années. En 1996, le National
Institute of Justice (NIJ), institution
du département fédéral de la jus-
tice, avait dressé une liste de vingt-
huit condamnés innocentés par
l’ADN. En trois ans, ce chiffre a plus
que doublé. Stupéfaite de cette
évolution, l’attorney general
(ministre de la justice), Janet Reno,
a demandé l’an dernier au NIJ de
former une commission nationale
d’experts sur l’avenir de l’ADN,
afin, a-t-elle expliqué, « d’identifier
les moyens de maximiser la valeur de
l’ADN dans le système judiciaire »
américain.
Après dix-huit mois de travaux,
cette commission de vingt-quatre
experts judiciaires, scientifiques et
universitaires, a remis son rapport à
M
me
Reno fin septembre : le rap-
port, intitulé Postconviction DNA
testing : recommandations for han-
dling requests, constate d’emblée
que « la forte présomption de jus-
tesse des verdicts, fondement des res-
trictions à la réouverture d’affaires
classées, a été ébranlée par le
nombre croissant de condamnés
innocentés sur la foi d’analyses
ADN ».
Le rapport note que les délais de
prescription pour la réouverture du
dossier d’un condamné sur la base
de la découverte de nouveaux élé-
ments varient considérablement
selon les Etats (de vingt et un jours
en Virginie à deux ans pour la plu-
part des Etats, alors que deux
d’entre eux, New York et l’Illinois,
viennent d’abolir purement et sim-
plement ces délais en raison des
progrès de l’ADN). Il souligne
qu’une « condamnation sans fonde-
ment signifie que le véritable criminel
est encore en liberté ». La commis-
sion recommande donc aux magis-
trats du parquet d’examiner avec la
plus grande indulgence les requêtes
de réouverture d’affaires judiciaires
classées lorsque les chances de voir
une analyse ADN innocenter un
condamné sont raisonnables,
même si toutes les voies d’appel
ont été épuisées et le délai de pres-
cription écoulé.
Parallèlement, le rapport se fait
largement l’écho des droits des vic-
times pour lesquelles la réouverture
d’une affaire classée est forcément
traumatisante. L’appel des experts
a été entendu par l’attorney general
puisque Janet Reno a, depuis,
encouragé les « procureurs, avocats,
magistrats et le personnel des labora-
toires de police scientifique à appli-
quer les recommandations » de la
commission.
Sylvie Kauffmann
Peine capitale : 3 565 condamnés dans les « couloirs de la mort »
NEW YORK
de notre correspondante
Les huit condamnés à mort
innocentés par des tests géné-
tiques ces dix dernières années
sont venus grossir les rangs des
prisonniers victimes d’erreurs judi-
ciaires et graciés alors qu’ils atten-
daient leur exécution : ce sont au
total 82 détenus des « couloirs de
la mort », selon l’expression consa-
crée aux Etats-Unis, qui ont ainsi
été innocentés depuis 1973, soit un
prisonnier innocenté pour sept
exécutés, selon des chiffres diffu-
sés en 1993 par une commission
judiciaire du Congrès et tenus à
jour par une association opposée à
la peine capitale, le Death Penalty
Information Center (DPIC).
Pour Richard Dieter, directeur
du DPIC, les bouleversements
consécutifs à l’introduction des
analyses ADN dans le système
judiciaire « donnent naissance à un
scepticisme très sain sur la justesse
des condamnations dans le système
judiciaire américain : même les par-
tisans de la peine capitale calent
devant le concept d’innocence ».
Mais il refuse de se bercer d’illu-
sions : « L’ADN ne résout pas le pro-
blème de la peine de mort. Cela peut
même inciter des gens à penser, que
grâce à l’ADN, l’exécution d’un
innocent est de moins en moins pos-
sible. »
RECORD D’EXÉCUTIONS BATTU
Avec 78 exécutions cette année
les deux dernières, mardi 12 et
jeudi 14 octobre au Texas −, les
Etats-Unis ont battu, avant même
que 1999 ne se termine, leur propre
record du nombre d’exécutions
annuel depuis le rétablissement de
la peine capitale par la Cour
suprême, en 1976. Le précédent
record avait été établi en 1997,
avec la mise à mort de 74 détenus.
Au total, 576 personnes ont été
exécutées depuis 1976, et 3 565 pri-
sonniers attendent leur exécution
dans les « couloirs de la mort »,
quartiers exclusivement réservés
aux condamnés à mort dans les
prisons. Le DPIC a comptabilisé,
parmi ces détenus, 50 femmes,
74 détenus mineurs au moment
des faits pour lesquels ils ont été
condamnés, et 82 ressortissants
étrangers. La durée moyenne du
séjour des condamnés à mort en
prison avant leur exécution,
lorsque toutes les procédures d’ap-
pel ont été épuisées, est de neuf
ans.
Selon les experts, le rythme des
exécutions devrait maintenant
s’accélérer en raison de l’expira-
tion des délais d’appel pour de
nombreux prisonniers. En l’ab-
sence totale de débat politique sur
la question aux Etats-Unis, les
opposants à la peine capitale
tentent de porter leur combat à
l’étranger afin d’obtenir l’appui des
opinions et gouvernements occi-
dentaux. « Autour du monde,
explique Richard Dieter, la ten-
dance est à l’abolition de la peine
capitale ou, au moins, au moratoire.
Les Etats-Unis vont dans le sens
inverse. » Son espoir, c’est que la
mondialisation « et l’interconnexion
entre les pays rendent les Etats-Unis
plus sensibles à la pression exté-
rieure ».
S. K.
Le « Projet Innocence » veut aider les détenus injustement condamnés
NEW YORK
de notre correspondante
« Cet homme avait été reconnu coupable par
vingt-quatre personnes ! » Le procureur Bill
Peterson n’a pas cherché à dissimuler sa sur-
prise lorsque, en avril, des analyses ADN ont
innocenté un homme qu’il avait fait condam-
ner à mort par deux jurys successifs, en Okla-
homa, pour le viol et le meurtre d’une jeune
femme commis en 1982. Dernier condamné à
mort en date grâcié à la suite d’une erreur
judiciaire, Ronald Williamson, 46 ans, ex-
joueur de base-ball, avait bien essayé de pro-
clamer son innocence pendant ses douze ans
de captivité mais, a-t-il expliqué le jour de sa
libération, « c’est dur de se faire entendre
quand on est dans les couloirs de la mort ».
Ronald Williamson a fini par se faire
entendre grâce aux avocats de Innocence Pro-
ject, un programme d’aide judiciaire financé
par diverses institutions philanthropiques, en
particulier celle du milliardaire George Soros,
la fondation Open Society.
Installé à la faculté de droit Cardozo à New
York, dont les étudiants sont mis à contribu-
tion, ce programme fournit une assistance
juridique gratuite aux détenus déjà condam-
nés qui ont de bonnes raisons de penser
qu’une analyse ADN permettrait de les inno-
center. Fondé en 1992 par deux avocats, Barry
Scheck et Peter Neufeld − qui, ironie du sort,
sont devenus célèbres en participant à la
défense d’O. J. Simpson, dont ils ont contribué
à l’acquittement en affirmant que l’analyse
ADN qui l’incriminait était fondée sur des pré-
lèvements mal opérés par la police −, le Projet
Innocence gère en permanence une moyenne
de 215 affaires, nous a précisé sa directrice,
Jane Siegel Green, à raison d’environ deux ans
par affaire. Ces dossiers sont sélectionnés
parmi des milliers de lettres envoyées par des
détenus de tous les Etats-Unis. Trente-six de
ces affaires se sont jusqu’ici soldées par l’élar-
gissement de condamnés, disculpés par
l’ADN.
« UNE QUESTION DE VOLONTÉ POLITIQUE »
Pour Jane Siegel Green, le recours à la
technologie ADN « constitue une évolution fon-
damentale dans le système judiciaire américain,
c’est un bouleversement énorme. Elle a, bien sûr,
plusieurs usages, mais pour la première fois, elle
met à la disposition des victimes d’erreurs judi-
ciaires un véritable outil susceptible de prouver
leur innocence ». Selon Barry Scheck,
s’appuyant en 1996 sur des chiffres du FBI,
« chaque année depuis 1989, dans 25 % des
agressions sexuelles soumises au FBI pour les-
quelles des analyses d’empreintes génétiques ont
pu être pratiquées, les résultats ont disculpé le
suspect numéro un » ; cela montre que
« l’ampleur des condamnations fondées sur des
faits erronés est bien plus grande dans notre sys-
tème qu’on ne veut le croire ».
En dépit d’un prix variant de 3 000 à
5 000 dollars pour des tests génétiques, Jane
Siegel Green ne pense pas que le problème
soit d’ordre financier. « Cela ne coûte pas si
cher d’innocenter des gens, dit-elle. Il y a pro-
bablement des milliers d’innocents en prison,
mais le nombre d’entre eux qui peuvent éven-
tuellement le prouver grâce aux tests génétiques
relève plutôt de l’ordre des centaines. Les aider à
prouver leur innocence ne coûterait vraisembla-
blement guère plus de deux ou trois millions de
dollars. Le problème n’est pas financier, c’est une
question de volonté politique. »
La récente loi fédérale contre le terrorisme
a, par exemple, réduit les possibilités d’appel
des détenus condamnés et, de manière géné-
rale, le parquet et la police sont rarement favo-
rables à la réouverture d’affaires classées.
S. K.
Les tests génétiques bouleversent la justice aux Etats-Unis
L’utilisation des analyses ADN révèle un nombre croissant d’erreurs judiciaires. Huit condamnés à mort ont déjà été innocentés. Le record annuel
d’exécutions capitales vient cependant d’être battu, tandis que 3 565 condamnés à mort attendent dans les « couloirs de la mort » américains
SOCIÉTÉ
Alors que 105 pays ont
aboli la peine de mort ou suspendu
son utilisation, les Etats-Unis viennent
de battre leur record annuel d’exé-
cutions capitales, avec 78 condamnés
mis à mort depuis le début de 1999. Un
total de 3 565 condamnés sont actuel-
lement dans les couloirs de la mort.
b LES ABOLITIONNISTES américains
dénoncent l’isolement croissant de
leur pays sur la scène internationale
des droits de l’homme. b LE RECOURS
aux méthodes d’identification par
empreintes génétiques commence
cependant à mettre en lumière le
nombre d’erreurs judiciaires commises.
En dix ans, les tests d’ADN ont
permis d’innocenter 67 détenus, dont
8 avaient été condamnés à mort. b LE
MINISTRE de la justice a recommandé
aux parquets de permettre la réouver-
ture d’affaires classées, alors que de
nombreux détenus clamant leur
innocence demandent à bénéficier de
ces tests.
Vista de página 1
1 2 3 4 5 6 7 ... 37 38

Comentários a estes Manuais

Sem comentários